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Quand la création est un combat

Entre casque à pointe et plumet au vent, le peintre se bat contre ses démons mais surtout pour exprimer la vérité de l'instant de son âme. Luc Mouillere
19 poder 2011

Se lancer !

S’élancer !

Partir au combat sans fusil et sans fleur, et pourtant sentir la mort toute proche guettant son instant.

Qui peut croire cette fable du pinceau magnum,  du peintre roulette russe ou de la mort au rat cachée dans la toile blanche ?

Nul autre que le peintre lui-même engagé dans ce combat sans merci entre l’homme et son désir brutal de laisser jaillir hors de lui cette pulsion de vie luttant contre sa pulsion de mort ; cette élan vital luttant pour sa survie, pariant sur sa victoire quand tout le pousse à se terrer prudent, dans le profond de son être.

Nul autre peut-être que cet accoucheur d’âme veillant tel un fantôme – un ange ? – sur ce pauvre hère lançant sa harangue guerrière à ses forces alignées en ordre de bataille le long de la lisière de son châssis de pin et de sa toile de lin comme si sa vie entière, et pas seulement la sienne, mais aussi celle des siens, et celle de tout les autres, et même de l’humanité en dépendait.

Le geste est audacieux, presque hautain lorsqu’il se lance du haut de ses peurs à l’assaut de la toile blanche pour tracer, d’un seul jet, le premier trait qui transforme l’innommé en vocable – innommable parfois – faiseur de sens parfois, faiseur de sorts toujours.

La suite n’est que la visualisation de ces combats hirsutes assombris de cohues et de cris dont les hommes ont le secret depuis qu’il est homme. Nul n’y comprend rien, surtout pas ce combattant solitaire perdu dans son combat, ni ce guerrier hébété baigné de couleurs et de sueurs, hésitants au moment de porter l’ultime touche. Cette homme qui, dans la tradition antique se croit porté, se sent porté par les Dieux, uni qu’il est à son âme, à son être essentiel, à l’incréé de sa créature. Car il sait qu’il n’a pas droit au doute qui le remplit pourtant ; car il sait qu’il n’a pas droit à la défaite qui serait sa perte à lui.

Tout coup porté en vain le met en danger.

Tout geste tracé en l’air le met à risque.

Chaque nouvelle couleur, chaque nouveau geste est un pas de plus vers l’espérance d’un monde nouveau inventé dans l’instant, fait pour durer l’éternité. L’éternité d’un regard, la fugacité d’une rencontre, tous les siècles ne sont pas bons à traverser !

 

Comme toute bataille seul l’ultime combat, seule la dernière touche signera l’issue du combat. Mais qui boira à cette victoire ? Qui enterrera les morts ? Quel héro en sortira ? Quel récit épique nourrira-t-il ? Car ce n’est pas quand chacun dépose les armes que l’on sait le sort des combattants ? Le temps, impérial jury, arbitrera seul. Un temps qui le prendra, son temps. Solennel comme un marbre antique, futile comme un pas de danse, apparemment intraitable dans sa décision,  faussement constant,  sans recours mais non sans appel, sans état d’âme mais non sans repentirs.

Un peu comme ton regard spectateur d’un instant qui jette un regard vaguement nonchalant, souvent fatigué déjà blasé. Ces 7 secondes pour convaincre, te retenir, 3 minutes, t’installer, juste un peu, devant cet espace que quelques petits pas innocents te font dépasser.

Transformant l’horizon de la méditation en souffle expirant de la respiration. Réduisant cette amorce de transcendance en base de socialisation.

Ramenant ce rappel d’espérance en moqueries de trublions.







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