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Peindre absolument l'absolue de l'Homme

Fresque qui suit le suit le processus de création depuis sa naissance divine jusqu'à son baptême paien. Luc Mouillere
28 septiembre 2007

  

Fresque ou histoire d’une naissance

Peindre l’ «anima », la vie présente, pressante, en toutes choses ; et qui unit toutes ces choses, l’une à l’autre, dans un même souffle, un même et unique mouvement qui rejoint l’Homme et qui, ultimement, remonte à Dieu.

Saisir ce mouvement dans la fragilité de l’instant et dans l’éternité de l’histoire qui, depuis des millénaires, a esquissé, dessiné, forgé la courbe d’une terre, le substrat d’une cité, la verticalité de l’Homme et même ce rire d’enfant et cette main tendue, saisie, caressée.

Dans un seul geste, à la manière d’un calligraphe oriental, dans le dépouillement joyeux de la trace laissée sur un support, dire toute la Joie essentielle qui naît de la Vie ; qui donne la Vie.

Enfantement de cette danse du corps et de la main, de la main et du doigt, du doigt et de l’esprit, de l’esprit et de l’âme, qui se fait dans la tension de la naissance - passage d’un monde à un autre.

Enfantement dont la douleur intrinsèque s’oublie dans l’abandon confiant et joyeux à l’exaltation de la création.

Exaltation tantôt légère et folle, tantôt sereine et grave, tantôt furieuse et déchirée, tantôt triste et inquiète.

Depuis la toile blanche et sa première trace, jusqu’à la dernière retouche, chaque geste, chaque touche, chaque coup de pinceaux qu’il soit souple ou guerrier, s’impose dans l’évidence de l’action méditée ou se décide, torturé, dans le doute de la raison trop forte.

L’œuvre reçue dans le don et la gratuité – se construit dans les choix faits dans l’éclair du trait, dans la tension du « pas assez », du manque mais, aussi, dans la menace du déséquilibre du « trop », de l’excès, du rigidifié.

Demeurer dans la folie créatrice, ne pas laisser de place à l’académisme ni à la peinture « décoratrice », ni à la geste destructrice.

Car l’œuvre qui doit trouver sa place dans l’œil doit la trouver aussi dans le cœur et même dans la raison. L’excès de l’un se fait souvent au détriment de l’autre et conduit à ces perversions plus ou moins subtiles qui tuent l’oeuvre sans espoir aucun de rémission.

C’est donc dans cette profonde humilité donnée par la méditation  que je me tiens au moment de peindre, veillant à ne pas trop mettre de raison, de techniques racoleuses, d’effets malins dans mes pinceaux.

Laissant ma main guider mon âme.

Laissant mon âme guider mon esprit.

Laissant le plus possible les choses se faire.

Jusqu’au moment de la dernière touche, de l’ultime touche si difficile à décider.

Et après l’excitation extrême de l’accomplissement de l’acte, après ces éclairs blancs et ces feux d’artifices, cette danse de Saint Guy et tout ces attouchements c’est la dure attente du jugement final.

Temps décisif de la pesée, du verdict qui, rendu bien des semaines plus tard, lorsque la peinture est sèche, les couleurs presque assagies, le trait clair, décidera en son âme et conscience de la vie ou de la mort de ce qui est naît là, dans cet instant.

C’est le temps, le juge de paix qui décide du sort des œuvres.

Le moment présent rend aveugle.

Et entre l’épuisement rassasié qui suit la création et la contemplation secrète, discrète, du coin de l’œil qui, furtif, évalue, juge, corrige,… il y a ces longs silences, ces moments d’absence, ces allers-retours. La balance oscille longtemps, hésite, tergiverse ou bien parfois, se fixe définitive : le sort en est jeté, le destin est joué, l’œuvre sera détruite ou lui survivra.

C’est sa seconde naissance.

Baptême païen après cette naissance divine.

 

 

 

 

 

 

 

 







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